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Photo du rédacteurJulien Besse

L'Approche Centré Solution expliquée simplement

Dernière mise à jour : 3 mai 2023



L'approche Centrée Solution (ACS) est utilisée dans de nombreux contextes tels que la thérapie, le travail social, l'enseignement, le management, l'entreprise, le coaching, et bien plus encore.


Elle est apparue au début des années 80 au centre de thérapie brève familiale de Milwaukee, co-créé par Steve De Shazer et son épouse Insoo Kim berg. Elle puise ses racines dans les travaux du Mental Research Institute de Palo Alto, de Milton Erickson et dans la philosophie de Ludwig Wittgenstein.


Cette approche s'inscrit dans la mouvance de la cybernétique de second ordre et repose sur plusieurs convictions :

→ Les clients sont compétents.

→ Ils ont la capacité innée de construire des solutions et des significations qui peuvent améliorer leur vie.

→ Les clients veulent changer, la résistance au changement n'existe pas.

Avec l'appui de ces convictions, il s'agit pour l'intervenant de créer les conditions d'un accompagnement qui pourrait permettre à son client d'utiliser de façon créative toutes ses compétences et possibilités d'adaptation personnelles.


Une des grandes particularités de cette approche est qu'elle ne propose aucune théorie sur le client, elle s'appuie uniquement sur une théorie de l'accompagnement construite à partir de la clinique.

Le travail de l'intervenant n'est pas consacré à l'évaluation, au diagnostic et à l'élaboration de typologies de problèmes ou de clients pour concevoir les interventions qui en découlent. Il vise plutôt à créer un espace relationnel ouvrant à l'émergence de nouvelles significations favorables aux changements, donnant toutes les chances au client d'identifier et d'amplifier ses ressources personnelles afin qu'il continue à les mobiliser pour aller vers ce qu'il souhaite.


Six principes directeurs orientent les interventions du thérapeute :


1 - La réalité est co-construite dans l’interaction par les jeux de langage


L’ACS considère la thérapie comme un processus linguistique, elle donne aux mots et aux jeux de langages une place centrale.


L’intervenant n’est pas un observateur externe en charge de découvrir une réalité dont le sens est déjà fixé en dehors de la rencontre, il participe à la co-création du sens et d’une réalité à travers les échanges.


Ce qui se passe dans la conversation n’est pas considéré comme déterminé par des lois intrapsychiques et/ou des constructions sociales mais comme un moment de créativité dans un contexte comportant l’influence de tout ce qui s’est passé auparavant et de ce qui peut advenir.


Le thérapeute ACS sait donc que la question qu’il pose ne vient pas découvrir une réalité mais pour partie co-créer une réalité : la réalité est créée en même temps qu'est posée la question.


Le thérapeute va utiliser un nouveau langage dit “centré solution” permettant de développer avec le client un récit de progrès. Pour cela, il questionne notamment le client sur ce qu’il souhaite, ce qui fonctionne déjà, ses ressources, ses aspirations, ses capacités d’adaptation, etc. Il est considéré que les thérapeutes doivent chercher aussi durement les questions que leurs clients doivent chercher leurs réponses.


2 - Les interventions visent à créer et maintenir une relation de coopération


Plusieurs points d'appui aident l'intervenant à adopter une posture propice à la coopération :


Premièrement, il doit poser un regard positif inconditionnel sur le client. Tout comportement, avis ou intention, même considérés socialement comme "inadaptés", est questionné à partir de présupposés positifs. Ils sont vus comme des "solutions" ou des tentatives de "solution" servant quelque chose d'important pour la personne.


Deuxièmement, l'intervenant adopte une posture de non-savoir pour l'autre. Le client est considéré comme l'expert de lui-même dans tous les domaines de sa vie. L'espace de travail est donc considéré comme un espace de co-expertise.

L'Approche centrée sur la solution se présente également comme une approche non normative. Aucune intervention de l'intervenant ne vient signifier explicitement ou implicitement au client si ce qu'il fait est bien ou mal, ou encore ce qu'il devrait faire ou ne pas faire.


Enfin, troisièmement, la réalité interactionnelle étant co-créée, le client ne peut être désigné comme responsable, voire coupable, de ce qui se passe dans l'espace de travail ! Cette vision interactionnelle systémique permet à l'intervenant d'être attentif à la nature de la relation et d'ajuster ses contributions en fonction pour favoriser un climat de coopération.


3 - Les interventions ne visent plus à diagnostiquer, résoudre ou réparer un problème mais à créer et maintenir les conditions propices au mouvement.


Comme nous l'avons dit précédemment, l'ACS n'a pas de théorie sur la personne et l'intervenant ACS a conscience qu'il ne découvre pas la réalité mais la co-crée dans l'interaction à travers les jeux de langage. Son rôle n'est pas celui d'un "observateur-expert" en charge de diagnostiquer, résoudre ou réparer un problème, mais celui d'un "facilitateur" veillant, tout en restant continuellement dans une posture de non-savoir pour l'autre, à développer avec le client un récit de progrès dans lequel la personne pourra contacter ses aspirations et mobiliser ses propres ressources pour les servir.


La position "anti-théorique" s'illustre dans ce récit de progrès par le fait que l'intervenant n'a pas vocation à donner son avis mais plutôt à permettre à la personne de rentrer dans un processus d'élucidation à propos de ce qui fonctionne pour elle. Ce processus d'élucidation, au sens où Wittgenstein l'entend, ne consiste pas à expliquer et à trouver des causes sous-jacentes à ce qui est fonctionnel mais plutôt à le clarifier et à le décrire. Lors de ce processus de description et clarification, ce que la personne verra, comprendra et retiendra comme utile n'appartient donc qu'à elle.


4 - Les interventions sont orientées par les changements souhaités par le client


Quand le client sollicite l'aide d'un professionnel pour un problème, c'est très certainement car il souhaite que ce travail lui permette d'accéder à un futur plus satisfaisant. La dynamique de travail est donc au service de ce qui est souhaité et déterminé uniquement par le client.

L'intervenant ACS nourrit deux intentions :

  1. Permettre au client de déterminer les changements auxquels il aspire, et lui faire décrire dans tous ses détails le paysage de ce futur préféré. Ce travail étant considéré en soi comme un des moyens d'y parvenir.

  2. Permettre au client d'explorer ses avancées, aussi petites soient-elles, vers son futur préféré. La seule orientation de travail avec le client sera à propos de ses avancées ! Le client peut ainsi renforcer son sentiment de compétence, et continuer à rentrer dans une autobiographie positive.

5 - Le client détient lui-même les solutions-moyens pour aller vers le changement souhaité.


Ce cinquième principe est assez contre-intuitif, en effet comment penser qu'une personne demandant de l'aide pour un problème détient en réalité déjà ses propres solutions ?! Il faut rappeler ici que l'ACS pense que la personne détient ses propres solutions pour aller vers les changements qu'elle souhaite.


L'ACS pose comme constat que l'ensemble des facteurs qui contribuent à la formation d'un problème est différent de l'ensemble des facteurs qui aideront le client à aller vers ce qu'il souhaite. Ainsi repérer que les solutions-moyens pour parvenir à ce futur préféré n'ont la plupart du temps rien à voir avec les solutions au problème libère la personne et l'intervenant de la pensée "enfermante" selon laquelle il faut impérativement trouver les causes du problème pour le résoudre.

La classe des solutions n'est pas la classe des problèmes.

L'intervenant ne souhaitant donner aucune solution ni conseil à la personne, il se doit de savoir où peuvent se trouver les solutions propres au client, ces dernières vont pouvoir être explorées dans les exceptions au problème, les exemples du futur préféré, car ils contiennent les amorces de solutions-moyens ; puis évidemment dans tous les progrès réalisés par le client en direction de son futur préféré.


6 - L'intervenant adopte une vision interactionnelle et travaille dans une perspective systémique.


La dynamique de travail ne s'oriente pas sur ce qui se passe à l'intérieur du client, mais vers une prise en considération plus large, inclusive et écosystémique.


Les problèmes, les meilleurs espoirs, les futurs préférés et les solutions-moyens efficaces sont considérés dans leur contexte relationnel, social, culturel.


Par ailleurs, toujours dans cette perspective systémique, un petit changement dans une partie du système pouvant entraîner des changements dans d'autres parties du système et renforcer l'espoir du changement, la seule chose qui soit visée est la possibilité d'une mise en mouvement aussi petite soit-il.


Conclusion

En guise de conclusion et de façon synthétique, on peut dire que la thérapie centrée solution est une thérapie :

  • Basée sur l'idée que le changement résulte de la négociation des représentations à travers les jeux de langage dans le système thérapeute-client

  • Basée sur l'idée que le client souhaite voir émerger du travail un futur différent et préféré qui donnera la direction de l'accompagnement

  • Basée sur une relation de co-expertise et coopération

  • Basée sur les compétences, les comportements et les modes de pensée dont le client dispose déjà quand les choses fonctionnent dans sa vie.

  • Basée sur les capacités créatives du client à construire ses propres solutions

Même si les principes de cette approche semblent simples, elle requiert cependant des dispositions particulières en regard des changements de paradigmes, de posture et de jeux de langages qu'elle propose.

 

Bibliographie :







 

Cette vidéo a été réalisée en collaboration avec Jean-Paul DURAND pour toute la partie concernant le script, un immense merci pour le soin apporté à ce travail d'écriture précis, minutieux et rigoureux.

Jean-Paul DURAND


Formateur à l'ACS

De premier métier Infirmier Diplômé d’Etat, Jean-Paul Durand est maintenant formateur à l’Approche Centrée Solution (Solution Focused Approach – Steve de Shazer et Insoo Kim Berg), et détient un Diplôme Universitaire de Psychologie Positive de l’Université Grenoble Alpes.

Ressources


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Approche privilégiant l'interlangage comme phase menant au changement espéré.

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